J.C Gréco aurait pu devenir le Platini ou le Revelli des années 50, petit-fils d’immigré italien, Jean-Claude joua au football dès son plus jeune âge au sein du C.A.PA. (Personne n’est parfait), y croisa sa future, vedette de l’équipe locale de Basket et Reine du club omnisports, jusqu’à sa mobilisation en 1957. De retour de la guerre d’Algérie, il l’épousa et se lança dans la vie active, d’apprenti employé de commerce, en quelques années, il devint V.R.P : Vrai Rugbyman Professionnel. Tout en parcourant les quatre coins de la Normandie, au volant de ses Citroën successives, Jean- Claude lisait pendant les longues attentes d’un représentant aux différentes étapes en particulier les chroniques rugbystiques de Denis Lalanne dans l’Equipe et les articles de rugby ; les jours de tournois, il écoutait avec délices les commentaires enflammés de Roger Couderc à la télévision et c’est tout naturellement que lorsqu’ en 1968, des méridionaux en mal de traditions, il allait découvrir le Sport Roi et les premières joutes des rislois. D’ailleurs, n’avait-il pas malicieusement donné déjà comme prénom à son premier héritier, peut-être en accord avec sa femme, celui d’Olivier, ce lien symbolique avec la gonfle, « Olive » et que le second porterait celui d’Emmanuel, Manu, comme tout le monde le surnomme, « manus » en latin, la main, le ballon dans la main, prémonition jamais démentie à ce jour ( les héritiers ne sont-ils pas dignes du père ?) et le hasard se mêla aussi de la partie puisque les P.T.T lui attribuèrent le 02 32 41 15 51, deux derniers chiffres qu’aucun rugbyman ne renierait.
Mr Urnous, l’un des pionniers locaux, remarqua, de son poste de demi d’ouverture, ce spectateur assidu et transforma ( normal, vous me direz pour un ouvreur ) cet observateur néophyte en blazer- cravate ou en imper british selon les saisons et les types de rencontres, scolaires le jeudi et régionales le dimanche, en homme à tout faire du club, Jean-Claude, encore dans la fleur de l’âge, devint rapidement indispensable : Les tâches de ménage ne manquaient pas, il se multiplia sans compter, du « débousage » du terrain au gonflage des ballons, du piquetage au traçage des lignes, du ramassage des maillots au tableau d’affichage … autant d’occupations prenantes que Jean-Claude accomplissait, même à l’âge de la retraite, avec la même discrétion et la même serviabilité .
« Le Grec » surveillait toutes les couvées du club : du poussin au gros poulet… Olivier et Emmanuel, à peine éclos mais vite élevés aux grains, le suivirent tout naturellement dans cette « basse-cour ». Jean –Claude n’était pas une cocotte mais plutôt un coq hardi cocardier, il chérissait son club, il aimait son comité et défendait son pays, sans être chauvin ni partial ; lorsque les rislois gagnaient, que les Normands l’emportaient et que les Français triomphaient, il poussait un vrai Grécocorico. Sa situation professionnelle de ne l’a jamais empêché d’être là, d’être lui-même et de continuer son action. La montée en nationale le ravit, le combla ; après la Normandie qu’il parcourait en tous sens pour son travail, Jean - Claude allait se frotter à d’autres comités, rencontrer d’autres gens le dimanche, du Nord à la Bourgogne, de l’Ile de France à la Bretagne, de nouveaux horizons, il découvrait, et du bon temps, il passait, des connaissances, il liait, des reconnaissances, il récoltait. Déjà honoré par la municipalité, par l’O.M.S., par la jeunesse et sports, trois mandats au comité, une médaille d’argent fédérale plus tard, Jean- Claude allait enfin atteindre le doux rivage de la retraite, rythmé, comme autrefois par les sempiternels coups d’envoi, les coups de sifflets, les coups d’après matches, les coups de la commission de discipline et comme toujours, il montra la même passion, la même dévotion, la même compétence. L’arrivée de petits enfants lui procura un bonheur nouveau, cette fois partagé plus souvent avec sa femme Raymonde, mais le dimanche, le grand-papa Gréco, fidèle des fidèles, rejoint sa paroisse pour l’office de 15h, souvent accompagné par Jeanne, Valentine et Louise, ses petits enfants de cœur, un œil sur le pré et l’autre sur les jolies têtes blondes…
JC fut « L’homme des présidents successifs », l’homme de Confiance. Sollicité en 1970, cet homme d’état et de devoir connut successivement tous les règnes, tous les pouvoirs des bleus et rouges: la gouaille de Renée, les discours de Marcel, les emportements amicaux de Marc, le flegme et l’humour de Jean, la décontraction de Richard et la rigueur de Jeff. Inusable et inoxydable, il révéla avec la même acuité, le même engouement, pour chacun, les secrets et les coulisses de la vie du club, il exerça avec la même efficacité et la même ardeur toutes les responsabilités confiées. Jean – Claude, amateur d’histoire, fut l’homme de l’ombre, résistant de la première heure, travailleur infatigable, il s’évertua à collaborer, (quel paradoxe encore !) avec les différents bureaux du club, car le rugby n’est pas qu’ un sport collectif sur le terrain, l’équipe des dirigeants prépare, organise bal, repas, tournois, encadrement, déplacement… Jean-Claude est toujours en première ligne, rarement sur la photo, mais toujours au chœur des tranchées, peu de paroles, mais beaucoup d’actes : Homme de l’ombre
Homme providentiel, Jean – Claude excella dans de nombreux registres : tour à tour, vous l’avez vu physionomiste, placier, videur, serveur, plongeur, balayeur, et même buveur, homme protée des soirées dansantes et lorsqu’au petit - jour, avec le dernier carré des survivants, le croissant à la main, il appréciait quelques moments de repos et de calme, il n’hésitait pas à remonter le moral des troupes décimées et lancer déjà d’autres initiatives, car la vie associative d’un club comme le nôtre passe par tous ces instants de solidarité et de partage même si pointait déjà l’homo- consommateur. Les instruments favoris de cet homme orchestre, restaient néanmoins le stylo et le téléphone, jamais un arbitre ne fut oublié dans ses convocations, jamais une déclaration ne fut omise lors d’un accident, jamais un contact humain délaissé : un joueur dans le doute, un joueur blessé sur le terrain mais aussi par la vie, nul ne mérita mieux ce titre de secrétaire perpétuel que lui, Pierre, son successeur, fort de son expérience cultive déjà toutes ces qualités humaines.
Vous l’avez compris, Jean Claude est une personne rare et discrète alors si vous le croisez le dimanche pas très loin d’Olivier ou de Paul Simon, son beau frère et le grand père de Mathieu, venez lui serrer la main, c’est un devoir de Mémoire et ainsi, symboliquement et simplement, vous lui témoignerez votre sympathie : un Grand Merci pour Tout et pour Tous, notre Ami Jean Claude.