Pas très grand, pas trop lourd, râblé et mobile, adroit, intelligent avec le ballon, volontaire, percutant et perforateur, efficace en défense, Fred n’était pas du genre à jouer les pleureuses et au fauteuil d’orchestre : vous ne l’entendiez jamais critiquer l’arbitrage, jamais invectiver l’un de ses partenaires, jamais reprocher une faute de son adversaire, flegmatique et discret, un exemple pour une équipe, un leader naturel qui protège, qui avance et qui positive : un crédit d’humilité favorable et indispensable : sa présence rassurante et silencieuse en impose. Sa seule occasion récurrente de se mettre en avant, c’était dans le car, lorsque ses amis le poussaient à entonner tous les couplets de sa chanson préférée, les Champs-Elysées de Joe Dassin pour partager un moment convivial de « Totor et Mimile ».

Sa carrière en retrait et en espèces, il s’engagea à la maison du rugby, devint le trésorier du club, ne comptant pas ses heures, il est avec son compère Manu de la Caisse d’Ep, l’organisateur du traditionnel repas annuel des anciens, un aide de Did pour les mémorables 40 ans, une Société Générale qui le pousse à s’investir et cette année pour Loulou, son compère de toujours, il est revenu ponctuellement donner un coup de main précieux à l’équipe 2 mais aussi et surtout pour accompagner son Jules à l’école de rugby.

Marié à Sandrine, père de Joséphine et Jules, il coule des jours paisibles, sans solde et découvert : il amortit ce précieux placement sans frais en leur consacrant plus de temps, prélevant quelques moments auprès des amis aux débits plus liquides pour profiter d’une vie de famille qu’il privilégie sans débours ni dettes, sans agios ni adagio d’ailleurs. Pour quelques pièces supplémentaires, il s’est fait débaucher par un concurrent, une carte sans visa pour le Crédit Agricole qui le convoitait pour toutes les qualités précitées…un chèque en blanc que le RCPA avait déjà placé dans son coffre-fort sans virement, sans transaction : tout bénéfice pour notre communauté de l’ovale.