Ces attributs délaissés coûtaient bien chers : rites obligent : la Tournée a ses règlements propres : le procureur Big et ses assesseurs intransigeants ne laissaient rien passer : la coiffe abandonnée : une amende ; un retard au car : une amende ; un écart de comportement : une amende ; les récidivistes se plaignaient pour la bonne cause mais la troupe se nourrissait de ces écots et de ces échos car de Stow à Southampton, le tribunal jugeait les coupables, accusations, plaidoiries, témoignages… la route défilait et les orateurs ( Kiki, Anglegoose, Ricardo, Big … ) multipliaient avec humour et facéties les actes répréhensibles, le tout dans la bonne humeur : La somme récoltée profitait à la communauté puisque investie totalement au bar du ferry.
Dominique Simon qui travaillait chez Exxon à l’imprimerie et Francis, notre père es singer, nous préparaient des « bréviaires » que nous exploitions au mieux sur le ferry-boat à l’aller comme au retour : Riton entonnait le « Dei Profundis », Big son « singe Bobo », Guytout ses « Petits Potes », Snif sa « Si si Señora », Gilles « Dans mon pays d’Espagne », Richard « ses « Mon chapeau a quatre bosses » , et tout se terminait avec René et sa célèbre « Normandie »… autant de tubes que l’on reprenait à l’envie et en chœur avant de défier pour l’occasion nos rivaux amis: « Les couilles de mon grand-père… » sur l’air du « God save the Queen » pour répondre aux attaques anglaises qui tiraient toujours les premiers : « Good game ».
Une Tournée ne serait pas une Tournée si l’un des objectifs n’était pas de souder les membres de la communauté ovale : le vivre ensemble : « un carpe diem » dont les jeux venus d’Outre-Manche rythmaient les moments d’attente, les déplacements : le buzz, au pub ou au club house, jeu de chiffre avec le 7 et ses multiples, était capable de vous enivrer rapidement, la pinte toujours au milieu des participants mais aussi « les coups de sifflet » d’un maître de cérémonie distribuait à l’envie des positions sur des sites inattendus nous statufiaient les bras levés, agenouillés, sur un pied… ceux qui n’exécutaient pas la figure imposée par le donneur d’ordre recevait la traditionnelle amende.
Tous ces artifices de la vie de ces deux ou trois journées et nuits donnaient au groupe sa cohésion qui se retrouvaient sur le pré et dans les troisièmes -mi-temps.