Mais c’est à mon avis le terme de maître d’école qui te correspondait le mieux. Il y avait, en effet, chez toi des airs de Marcel Pagnol dans « La gloire de mon père ». Un style, une présence, une voix qui font un instit’ un peu à l’ancienne mais ô combien attachant. Loin des grandes théories de l’enseignement prêchées par celles que tu appelais affectueusement « les vieilles toupies », car tu avais beaucoup d’humour, tu préférais travailler dans la simplicité sans oublier pour autant l’exigence.
Certes, tu râlais souvent, sport que tu pratiquais en fin de soirée, pas que sur l’école d’ailleurs, sur des sujets variés et improbables allant de l’épaisseur des verres de la bibliothèque d’Hervé Tranquillin au prix de la crevette à Honfleur.
T
u avais, en fait, ce côté chevaleresque, héros discret mais d'une très grande générosité qui vivait son métier de la même façon, sans effet de manche mais avec justesse et authenticité.
Tu es aussi un des seuls enseignants que j’ai vu en classe avec son chien ce qui avait le don d’y créer une ambiance chaleureuse quasiment familiale. Les vieilles toupies n’y avaient même pas pensé !
Je me souviens en particulier des 6 mois passés ensemble à l’école Paul Herpin de Pont-Audemer. Tu y avais été envoyé pour y effectuer un remplacement dans une classe houleuse qui avait déjà usé quelques suppléants. Tu y ramenas immédiatement calme et sérénité. Je me souviens notamment de cette anecdote du concours lancé par la gendarmerie sur la citoyenneté auquel une centaine d’élèves des écoles publiques de la ville et même aussi du privé avaient été conviés. Le sourire en coin, tu avais eu alors le plaisir d’entendre que les 10 premiers élèves gagnants étaient tous issus de tes rangs. Oh, Point de miracle pédagogique ! Nous avions tout simplement laissé nos élèves repartir chez eux avec leur questionnaire ce qui avait passionné leurs parents. Mais on avait bien ri en voyant la tête des vieilles toupies présentes.
Aujourd’hui, j’ai un dernier service à te rendre. En visite à l’hôpital avec Sylvain, tu nous as demandé de saluer tous les copains de ta part. Je profite donc de l’occasion pour le faire solennellement car je sais que, pour toi, l’amitié était une valeur très importante. Frédéric MOUCHEL